Rôle des mécanismes de défense dans la thérapie

Voyons comment un psychanalyste reconnaît les mécanismes de défense et comment il les utilise dans la cure.


Comment les reconnaître ?

Le psychanalyste observe plusieurs « indices » :

  • Le discours du patient :

    • Contradictions, justifications, trous de mémoire → évoquent le refoulement ou la rationalisation.
    • Discours froid, théorique, sans affects → possible intellectualisation.
    • Passages du « tout blanc » au « tout noir » → signe d’un clivage.
  • Les émotions et leur déplacement :

    • Colère déplacée sur une figure anodine → déplacement.
    • Rires inappropriés ou moqueries → humour défensif.
  • Le transfert et le contre-transfert :

    • Le psychanalyste ressent souvent des indices dans ce que le patient projette sur lui.
    • Par ex. un patient qui accuse le psychanalyste d’hostilité alors que ce n’est pas le cas → projection.
  • Le non-dit, l’évitement :

    • Lorsqu’un patient change constamment de sujet, ou reste dans le vague, cela peut signaler un refoulement actif ou un déni.

Comment les utiliser ?

Le psychanalyste ne cherche pas à supprimer les défenses, mais à en prendre acte et à les travailler dans le processus thérapeutique :

  • Repérage et interprétation :

    • Le psychanalyste formule des interprétations en reliant le mécanisme défensif au conflit sous-jacent.
    • Exemple : « Vous semblez expliquer très logiquement cet événement, mais je remarque que l’émotion semble absente. Peut-être est-ce difficile de ressentir ce qui est lié à ce souvenir. » → mise en lumière d’une intellectualisation.
  • Respect du rôle protecteur :

    • Les défenses ont une fonction : protéger le sujet d’une angoisse trop intense.
    • Le psychanalyste ne brusque pas ces défenses, il les accueille comme des alliées temporaires.
  • Maturation des défenses :

    • Avec le travail analytique, certaines défenses dites « immatures » (déni, projection, clivage) peuvent progressivement évoluer vers des défenses plus « matures » (humour, sublimation).
    • Exemple : un patient qui projetait son agressivité peut apprendre à la reconnaître et à la canaliser dans une activité créative.
  • Utilisation du transfert :

    • Les défenses se rejouent dans la relation analytique. Le psychanalyste peut alors les observer « en direct » et travailler dessus.
    • Exemple : un patient qui annule rétroactivement en devenant excessivement gentil après un moment de tension en séance → permet d’aborder sa peur de sa propre agressivité.

Finalité de ce travail

Le but n’est pas d’éliminer les mécanismes de défense (ils font partie de la vie psychique), mais :

  • de les rendre plus souples,
  • de permettre au patient de mieux reconnaître ses affects refoulés,
  • et de favoriser des défenses plus adaptées, qui soutiennent la vie relationnelle et créative.

En complément, un schéma

Vaillant a conçu un schéma qui classe les mécanismes de défense en immatures (rouge), névrotiques (bleu), matures(vert).

schema-meca-def